Les PD

Paroles: Henri Tachan
Musique: Jean-Paul Roseau

Délicatement peint de fond de teint postiche,
Les paupières huilées sur leurs grands yeux de biche,
Tondus, absaloniens ou tendrement bouclés,
Ils vont à petits pas, dodelinant des miches

Les PD

Ficelés et moulés de pantalons étroits,
Sur leurs pattes fragiles, ils marchent trois par trois,
Leur fin minois couvert de lunettes teintées,
Ils vont comme pucelles entrelacées du doigt

Les PD

Il faut dire qu'ils ressemblent trait pour trait, point par point,
Tellement à leurs soeurs, les femmes, ces catins,
Que beaucoup, comme moi, honteusement trompés,
Se retournent en sifflant sur leur chute de reins

Les convertis, dit-on, font d'excellents bourreaux,
Et les pires athées font les meilleurs dévots,
Est-ce à dire, Gide en main, comme livre sacré,
Que les coureurs de jupe seront tous et bientôt

Des PD

Que le dernier carré de purs, d'incorruptibles,
Va sentir quelque part sauter quelque fusible,
Et reniant la tiédeur d'une paire de seins nacrés,
Va plonger dans l'ersatz, le nouveau combustible

Des PD

Est-ce à dire que bientôt les femmes, ces voleuses d'hommes,
Parquées dans des ghettos, bien après l'oncle Tom,
Inévitablement seront un jour forcées
De croquer le gigot à la place de la pomme

Moi qui suis, Dieu soit loué, fierté congénitale,
Le chevalier servant des amours dites normales,
Du haut de mon donjon, je rêve de chasser,
Jusqu'au dernier impie cette secte infernale

Des PD

Mais vite fatigué de chercher médecine
A cette épidémie aux antiques racines,
Je les laisse un peu plus toujours proliférer,
Y trouvant en retour plus de femmes câlines

Brav' PD

Qu'ils le deviennent tous, de tous lieux, de tous bords,
Des truands de Pigalle aux châtelains de Chambord,
Et se réalisera ce vieux rêve insensé
Voir toutes les Vénus se disputer mon corps

Et lorsque rassasié de la chair féminine
Mon goût de forniquer ne s'ra plus que routine
Tournant enfin le dos sans en faire tout un plat
Peut-être vais-je crier à tous ces PD-là

"Et s'il n'en reste qu'un je serai celle-là"